La croisière Amalfitaine
Photos dans albums 2017
Chaque escale de notre périple a apporté son lot d'anecdotes, de joies, de découvertes ou d'expériences nouvelles, faisant de notre croisière une aventure magnifique.
Vingt quatre participants et dix bateaux prirent part à la croisière des voiliers du mois de juin du YCISR, orientée, cette année, sur l'Italie et la côte amalfitaine jusqu'au sud de NAPLES,
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1er juin 2017 … Les huit voiliers et les deux bateaux à moteur du YCISR levèrent l'ancre vers midi pour 24 jours de croisière de SAINT RAPHAEL à AMALFI en passant par la CORSE, l'Ile d'ELBE, la côte italienne dont ROME et NAPLES, les Iles Pontines, les îles d'SCHIA, PROCIDA, CAPRI, et AMALFI pour dernière destination : 14 escales, 497 milles nautiques, aller simple ; le retour étant libre.
Première étape : la Corse, SAINT FLORENT
Il aura fallu environ dix-sept heures pour atteindre le nord de la CORSE dans l'après-midi : 120 milles nautiques. La traversée fut tranquille, sous une douce température de jour comme de nuit et sur une mer calme, voire d’huile à l’arrivée, Eole ayant été, pour les "voileux", le grand regretté de cette première étape.
SAINT FLORENT est doté d'un joli port de 1500 anneaux, avec, d’un côté, une rue commerçante étroite et pavée qui borde les pontons et, de l'autre côté, la Plage du LOTO (LOTU en corse) où l'on a parfois la chance, et ce fut notre cas, d'observer des amerrissages d'Hydra Ulm. Ce samedi 3 juin, SAINT FLORENT célébrait la Fête de la République Italienne en souvenir du passé. Le port regorgeait de bateaux dont des yachts de grandes dimensions avec, à la manœuvre, des virtuoses de la manette. Une balade digestive à la Citadelle, aujourd'hui centre d'expositions, s’imposa ; sur le chemin, quelques-uns et non des moins gradés (!), retombés soudainement en enfance s'amusèrent à dégommer des abricots sauvages avec des bâtons, que nous croquions avec gourmandise au risque de quelques suites inattendues et incontrôlables …
La journée s’est achevée par un apéro-ponton joyeux, auquel nous avons invité un couple de jeunes d’environ 25 ans assis sur une toute petite embarcation face à notre buffet. Tout près de nous, était en effet amarré un minuscule voilier à coque rouge, à peine habitable, qui devait dater d’au moins une trentaine d’années. Le jeune couple, partis de YERRES, avait navigué sur cette petite embarcation pendant trois jours à la vitesse d’un escargot (2 nœuds), précisant avec humour qu’il leur avait même semblé, parfois, reculer. Nous retrouverons nos jeunes amis à BONIFACCIO sur le chemin du retour. Contre toute attente, ils partiront un jour avant nous sur une mer houleuse, que notre sagesse nous conseilla d’éviter malgré la taille et la fiabilité de nos voiliers. La veille, autour d'un verre, nous apprenions que la jeune femme était étudiante en biologie marine, le jeune homme pilote dans l’aviation privée. Ils avaient récupéré et retapé le bateau du grand-père, l’avaient équipé du minimum obligatoire en matière de sécurité maritime pour se lancer dans une aventure à la limite du raisonnable.
Quatrième jour, l’Italie
Un arrêt gasoil pour certains à la station de St FLORENT, facile d’accostage, et nous repartions de bon matin pour PORTO FERRAIO sur l'Ile d'ELBE qui se situe en Mer Tyrrhénienne.
Nous avons touché l'Italie après une journée de navigation, d'abord sous un vent de 12 nœuds, ballotés par une grosse houle jusqu’à l’île de la GIRAGLIA - Cap Corse oblige - puis sur une mer bienveillante et ensoleillée. L'arrivée à PORTO FERRAIO se caractérise par quelques rochers qui effleurent tout près de l'île, la roche de SCOGLIETTO qu'il faut garder à l'oeil, surtout la nuit, et un couloir de ferries pressés et intraitables qui entrent et sortent de la rade sans relâche. Petite particularité : les gisements de fer importants, principalement sur la côte NE de l’île, provoquent des anomalies magnétiques locales, heureusement sans conséquences sur les instruments de bord.
Le port plaisancier, en forme de U, est situé au pied de la ville. Les bateaux sont amarrés le long de la rue, passerelles déployées sur le trottoir. Derrière, se trouve le centre historique avec, un peu plus haut, la Villa dei Mulini, résidence de Napoléon Bonaparte exilé en 1814.
L'île d'ELBE est considérée comme la plus belle île de l'archipel toscan. La légende raconte que cet archipel est né d'un bijou tombé du cou de Vénus, déesse de la beauté et de l'amour, dans les eaux de la Mer Tyrrhénienne. PORTO FERRAIO est une ville animée ; ailleurs, ce ne sont que des petits villages, souvent haut-perchés dans une garrigue quasi-omniprésente, sur un relief difficile mais vert en toutes saisons. A quelques dizaines de kilomètres en voiture, se trouve le séduisant port de PORTO AZZURRO, notre escale du lendemain. Une petite heure sur des routes sinueuses et nous y réservions le déjeuner du lendemain des croisiéristes. Ces routes, enneigées l’hiver, si l’on en croit les panneaux "Pneus Neige", offrent de nombreux points de vue sur des criques et des villages ensoleillés. En croisière, nous n'avons pas de contraintes particulières en dehors des horaires de départ des ports, ceux des visites culturelles ou des repas pris en communs au restaurant. Chacun utilise son temps comme il l'entend, mais, de façon naturelle, nous restons groupés. Quelques-uns choisirent donc de rester à PORTO FERRAIO pour une visite touristique plus approfondie ou pour une longue marche dans la montagne avoisinante.
Notre retour aux bateaux en traversant l'île, puis en longeant la côte nord, sans manquer de passer par le vieux village de pêcheurs de MARCIANA MARINA pour un déjeuner succulent dans le restaurant SALEGROSSO devant la plage, couronna cette journée de balade et de détente.
Un décor de carte postale sur la côte Est de l'Ile d'Elbe
Un peu de vent en délaissant PORTO FERRAIO vers 10 heures le lendemain, quitte à s'éloigner de la côte ! Aucune raison de s'en priver, PORTO AZZURRO n'est qu'à trois heures de mer …
C'est un petit port abrité sur la côte Est de l'île, dominé par deux forteresses. La beauté de PORTO AZZURRO réside dans sa dimension réduite, ses palmiers, sa place avec ses bars et ses glaciers, ses rues pavées, étroites et montantes, bordées de petites boutiques ; On y trouve, notamment, des bijoux-fantaisie abordables faits de pierres de toutes les couleurs extraites sur l’île. Nous en avons profité pour acheter, discrètement, un cadeau pour Jean-François qui nous invite à fêter son anniversaire dans quelques jours.
Les escales en mer sont régulièrement rythmées avec repos, courses, lavage et regroupements sur les bateaux selon affinités pour un verre, un apéritif, ou un repas. C'est donc, après avoir remis de l'ordre dans nos frigos, nos bars et nos cabines, que nos shorts et T-shirts sentant bon la lessive ont regagné leurs placards, que nos embarcations ont été rincées du sel de la mer, que nous nous sommes réunis, soleil couchant, sur la terrasse du restaurant CUTTY SARK, derrière la mairie. Le charme de nos organisateurs ayant opéré, le propriétaire nous a fait la surprise de modifier le menu réservé la veille, déjà prometteur, pour nous faire goûter ses meilleures spécialités : trois plats délicieux et typiques arrosés de bons vins italiens, un régal ! Rassasiés et réjouis, nous regagnâmes nos bateaux avant 23 heures, conscients qu'une longue traversée nous attendait le lendemain.
Vers la côte italienne
Les départs à destination de CALA GALERA, située plus au sud sur la côte italienne, s’échelonnèrent dès 9 heures du matin. Ce fut la dernière longue traversée du circuit italien : 45 milles nautiques qui se résumèrent en une navigation tranquille avec un vent de 12 à 13 nœuds au travers : petit vent, certes, mais joie non retenue de sortir les voiles et de couper le moteur. Ne plus entendre que le vent dans la toile et le bruit suave de l’eau qui caresse l'étrave sur une musique de clapotis rythmée par la vitesse du bateau … Quelle délicieuse sensation ! Dommage, le vent tombe, il nous faut remettre le moteur. Après six heures de mer sous un soleil omniprésent et généreux, nous accostons à CALA GALERA, tout près de PORTO ERCOLE reconnaissable à ses deux forteresses.
Une croisière, ça se prépare bien à l'avance. Il faut sélectionner des destinations selon leurs intérêts géographiques, culturels et gastronomiques, choisir les ports en fonction du nombre de bateaux et de leurs caractéristiques : voile ou moteur, longueur de la coque, hauteur de la quille, étudier les mouillages, prévoir les avitaillements, les animations, etc. Les places de port sont donc réservées avant le départ, mais il peut arriver qu’il n'y ait pas suffisamment d'emplacements côte-à-côte disponibles et que la flotte soit éclatée. Ce fut le cas à CALA GALERA qui ne dispose que de 50 mètres de pontons : deux de nos voiliers se trouvèrent éloignés du groupe durant cette courte escale. Pas pour longtemps, car, pour son anniversaire, Jean-François réunira les dix bateaux pour un apéro dînatoire avec champagne, petits fours et musique ; et, pendant quelques heures, notre joyeuse croisière réanimera ce port tranquille. Bon anniversaire, Jean-François !
Déjà une semaine !
Nous avons atteint RIVA DI TRAIANO sur la côte tyrrhénienne dans l'après-midi du jeudi 8 juin.
Si les apéros-ponton peuvent s'improviser, un BBQ pour dix bateaux doit être organisé !
C'est ainsi, qu'avant l'apéro dînatoire de la veille, nos organisateurs et quelques croisiéristes ont pris le chemin des supermarchés pour remplir les caddies et les glacières et chacun a fait un peu de place dans son frigo et ses équipets pour stocker les victuailles du BBQ. Quelle bonne idée d'avoir, pour certains, emporté des vélos pliants dans les coffres ! La longueur du quai de RIVA DI TRAIANO est telle qu'il faut plus de vingt minutes à pied pour aller du premier bateau de la flotte au dernier car, une nouvelle fois, heureusement la dernière, quatre voiliers se trouvent regroupés à l'autre extrémité du port. Marcher pendant vingt minutes pour rejoindre le ponton festif en portant les tables, la vaisselle, les planchas, les victuailles, les bouteilles et les snacks … Difficile de maintenir le BBQ ! Qu'à cela ne tienne, les grillades seront remplacées par des pizzas.
Il fait encore jour, vers 20 heures. La température de l'air est agréable, celle du champagne, du rosé et du rouge, tout autant, les petits fours en nombre suffisant pour éponger ces breuvages, les pizzas délicieuses, et la musique judicieusement choisie par Patrick, notre Président et DJ, qui a emporté un ampli gros comme un tonneau. Rien ne manque pour transformer nos joyeux plaisanciers en ados déchaînés. Ca chante, ça saute, ça danse, ça rit sans retenue ! Heureusement, les bateaux voisins sont inoccupés en ce début de juin, excepté celui d'en face où un couple de la soixantaine affiche un sourire bienveillant devant notre joie délirante … Invités à nous rejoindre, ils n'ont pas osé partager notre folie passagère. La fête se terminera vers 23 heures et c'est bras-dessus, bras-dessous et ravis, que nous marcherons pendant une vingtaine de minutes vers nos bateaux éloignés : "Il était une fermière qui allait au marché …", "Un kilomètre à pied, ça use, …",
Le sommeil viendra tout seul. Demain, départ vers 9 heures.
Un week-end à ROME
C'est à PORTO DI ROMA, le port touristique de ROME situé sur la commune d’OSTIA, que nous avons fait escale pour trois nuits. Nous avons été reçus par une capitainerie très accueillante.
Invités à patienter devant la jetée et à se présenter sur ordre les uns après les autres, ballottés par la houle, nous faisions des ronds dans l'eau pour ne pas être poussés vers le large qui nous aspirait, guettant impatiemment l'autorisation d'entrer dans le port. Enfin, le feu vert nous est donné.
On se dirige calmement vers le port, on entre à trois nœuds dans l'avant-sas sur une eau calme, claire et peu profonde et les manœuvres deviennent un jeu d'enfant : de ce côté-ci de la jetée, l'eau est paisible. On opère un virage lent et coulé sur 90° à tribord, on glisse lentement en marche arrière vers le ponton sur une trentaine de mètres et on s'amarre tranquillement. L'étendue des lieux, le silence qui y règne, le soleil de juin déjà chaud et les constructions sans étages qui libèrent l'horizon, dégagent une sorte d'arrêt-sur-image, contraste inattendu entre ce côté-ci et l'autre côté de la jetée.
Nous sommes tous amarrés au premier ponton. Le port est calme et paraît déserté en cette fin d'après-midi. Un portique, discrètement surveillé par un employé, ferme l'entrée. Ce filtre empêche les curieux, et surtout les pêcheurs à la ligne, de s'approcher des bateaux, contrairement à SAINT FLORENT ; risquer de marcher sur un hameçon égaré ou trouver des trous dans les capotes de son bateau, ce n'est guère réjouissant ! La capitainerie se trouve à l’extrémité du port non loin des restaurants et des boutiques. A notre gauche, un magnifique yacht blanc d'une soixantaine de mètres, moteur ronronnant et personnel ganté, attend des passagers ; deux 4x4 déchargent des provisions … Caviar, foie gras, homards ? Nul doute que ceux-là vont "faire péter quelques roteuses" comme dirait notre ami Jean-Claude dans un style Bérurier !
Deux journées, avec un guide, ne suffiront pas pour visiter cette ville qui fut, durant des milliers d'années, au cœur des bouleversements mondiaux : capitale du monde, centre du vaste Empire Romain puis siège de la papauté. La Rome Antique, ville et Etat, a jeté les bases de notre culture. La vie de la Rome Antique transparaît dans les lieux et monuments que nous avons pu voir comme le Colisée, le Panthéon, le Forum, les temples … S'ensuivra la Rome Baroque et la Renaissance avec le mécénat des papes : basiliques, églises, le Vatican avec la Chapelle Sixtine et la Basilique St Pierre, etc. Nous avons visité la Villa BORGHESE et son musée ainsi que la VILLA MEDICIS qui domine la ville ; on peut y louer des chambres encore garnies des meubles des personnages célèbres qui les ont occupées, comme le piano de DEBUSSY et, comme il se doit, nous avons jeté une pièce dans la Fontaine de TREVI pour nous assurer de revenir à ROME.
25 milles nautiques plus bas sur la côte
Nous n'avons pris la mer qu'en début d'après-midi pour la MARINA di NETTUNO. Après deux jours très denses de visites culturelles à ROME, nous méritions bien une grasse matinée. Utopie ! Car nous ne traînons pas dans nos cabines au réveil ; nous n'avons qu'une hâte, mettre le nez dehors pour saluer les copains, déjeuner dans son cockpit, regarder le paysage, lire, préparer la prochaine navigation …
Lorsque deux bateaux s'amarrent l'un à l'autre, on dit "se mettre à couple". Le port était plein et, de façon inattendue, nous nous sommes retrouvés amarrés trois par trois. Nous n'en étions pas déçus, c'est toujours enthousiasmant de vivre une nouvelle expérience. C'est ainsi qu'en fin de journée, on a pu voir de nombreux primates passer de ponts en ponts pour rejoindre l'apéro-ponton.
Les croisières étant une suite de destinations choisies parmi les plus belles, les plus intéressantes, parfois simplement techniques, un des nôtres s’est retrouvé amarré à un voilier que nous avions déjà rencontré dans un port précédent. Le couple passait une grande partie de son temps sur son voilier, ce qui se devinait au fouillis organisé qui régnait dans le cockpit, utilisant son bateau comme une résidence secondaire. Il n’est, effectivement, pas rare de revoir les mêmes navigateurs d’escale en escale.
Un petit tour, l’après-midi, dans un supermarché du vieux village fortifié derrière le port, et nous étions prêts pour une nouvelle navigation, frigos et équipets regarnis en vue d’un nouveau BBQ.
LES ILES PONTINES - L'île de PONZA
Partis de ROME le 12ème jour dans la matinée, il nous fallait bien le reste de la journée pour atteindre PONZA. Pour qui croise au large de ROME, cette île est un must.
Si les escales dans les ports s'avèrent utiles et culturelles, les mouillages apportent une autre dimension aux croisières : s’arrêter au milieu de l’eau, y plonger à la moindre envie, savourer le silence et regarder la côte depuis la mer comme si vous contempliez votre jardin depuis votre terrasse... N’est-ce pas sublime ?
L’arrivée sur PONZA, l'île principale des Iles Pontines, est un émerveillement. De jour, nous distinguons un petit port en arc de cercle, bordé de maisons anciennes de style italien, étroites et peu élevées, aux couleurs arc-en-ciel, parfaitement entretenues et harmonieusement rangées. Le port, auquel sont amarrés des bateaux de pêche se prolonge par une petite plage. Entre nous et ce paysage, des rochers dentelés, semés çà et là, créent une sorte de rideau protecteur, au travers duquel on aperçoit, la nuit, les enseignes colorées et les lumières du port qui se multiplient dans l’eau. Une véritable aquarelle le jour, une fête des lumières, la nuit.
Après une visite au village avec déjeuner et glaces digestives, le retour en annexe entre les rochers nous réveilla définitivement, autant secoués par les rires que par les vaguelettes. Surprise ! Le Club Nautique de Fréjus, mouillait là depuis la veille ; nous ne l'avions pas remarqué à notre arrivée. Ce fut l'occasion, pour certains, de dîner ensemble à bord et d'échanger sur les croisières.
LES ILES PONTINES - L'île de VENTOTENE après deux semaines
La mer est d’huile lorsque nous appareillons dès 8 heures 30 après deux nuits de mouillage à PONZA. La traversée s'annonce tranquille. Les premiers milles, la flotte reste groupée ; nous pouvons presque nous parler d'un bateau à l'autre.
Une croisière sans imprévus, ça n’existe pas, un bateau sans incidents, non plus.
Nous étions au mouillage à VENTOTENE et finissions notre déjeuner, lorsque l'ancre d'un voilier s'est détachée de sa chaîne. Le bateau s'étant un peu déplacé, Patrick a dû plonger pendant de longs moments pour retrouver l'ancre. Elle fut rattachée à la chaîne une fois le bateau amarré au port et le voilier put continuer sa croisière normalement et profiter des mouillages suivants. La veille, déjà, Patrick, avait dépanné un autre voilier en réalisant sous l'eau, pendant plus d'une heure, une réparation inespérée sur la bague hydrolube qui résista jusqu'à la fin de la croisière.
L'île de VENTOTENE possède un joli village romain et un port de pêche miniature avec des fresques en relief de l'époque romaine. Nos places étaient réservées dans le second port, adjacent, grand comme trois terrains de foot. Après le déjeuner, nous entrons dans ce port, un par un et précautionneusement car un câble flotte près de l'entrée du bassin ; il sert à retenir les ferries contre l'embarcadère. Des ferries dans ce mouchoir de poche, c'est ahurissant …
L'accès au carburant ne manque pas, non plus, de piquant car la station gasoil est située dans un coin du bassin, en haut d'une rampe en béton d'une dizaine de mètres, qui plonge doucement dans l'eau comme un toboggan. Le pompiste ne quitte la station à aucun moment. Tout en étant balloté près du béton, Il faut attacher son avant à une bouée flottante, approcher sa poupe le plus près possible de la rampe pour amarrer son arrière et attraper le tuyau de gasoil qui attend sur la rampe. Le pompiste fait descendre un panier attaché à un filin avec la note et le remonte pour y récupérer le paiement.
Un conseil, n'arrivez pas réservoir vide à VENTOTENE !
Ce soir, BBQ. Nous étions nombreux à nous affairer sur notre ponton d'amarrage, certains dressant les tables, préparant les apéritifs ou les accompagnements, d'autres enduisant la viande … lorsque trois saucisses, bien grosses et bien "badigeonnées" s'envolèrent à vingt centimètres de nos yeux en une fraction de seconde, les deux dernières faisant une galipette au dessus du plat pour retomber lourdement : Splash ! Dans un "touch-and-go" de deux secondes, deux mouettes effrontées qui nous épiaient certainement, discrètes comme des avions furtifs, venaient de foncer sur trois de nos plus belles saucisses … coutumières du fait, assurément.
La première s'en saisit, mais la seconde, ne pouvant ouvrir un large bec, laissa tomber sa proie.
Bah ! Notre joie valut bien une saucisse sans doute …
Musique à fond, la soirée se déroula jusque tard dans une joie débordante comme de coutume. Deux jeunes gens nous observaient du haut du village en nous faisant des signes amicaux que nous leur renvoyions dans des fous-rires non retenus, les narguant en quelque sorte d'être réunis dans la joie, contrairement à eux esseulés dans le silence. Nous pensions qu'ils enviaient notre ambiance festive. Que nenni ! A minuit, nous comprîmes qu'ils attendaient simplement l'ouverture du night-club, s'amusant peut-être à l'idée qu'à leur tour ils allaient nous envoyer leurs décibels … jusqu’à 5 heures du matin !
ISCHIA, île du golfe de Naples
Tout comme PONZA, ISCHIA est un délice pour les yeux. L'île a d'ailleurs servi de décors aux films "Le talentueux Mr. Ripley" avec Matt Damon et "Le corsaire de l'île verte" avec Burt Lancaster. C'est sur cette île qu'Ulysse aurait rencontré Nausicaa …
Nous avons approché ISCHIA par la baie de SAN ANGELO. C'est une anse bordée de maisons aux couleurs pastel. Mouiller près des yachts devant ce paysage pittoresque et paisible est on ne peut plus agréable. Ce mouillage ne durera que le temps d'un déjeuner suivi d'une baignade ; nous jetterons l'ancre, pour une nuit, de l'autre côté de la colline, au pied du Château Aragonais.
Une douche rapide sur nos bateaux, et nous gonflons nos annexes pour pousser une visite au village. Un pont de pierres, construit en 1441 par Alphonse d'Aragon, relie le village au château. Bâti sur un îlot, le Château ARAGONAIS permettait de surveiller la mer sur 3OO° ; la population s'y réfugiait en cas d'attaques de pirates. Nous avons déambulé dans les rues pavées du village et fait une halte dans une charcuterie où l'on vous sert, sur des tables installées sur le trottoir, des assiettes de jambons, saucissons et autres salaisons locales, arrosés de vins du pays. Ces assiettes généreuses, suivies d'une glace, remplaceront notre dîner. La nuit commençait à tomber, un orchestre s'installait sur la place à l'entrée du village, il était temps de regagner nos bateaux avec nos annexes avant que le noir de la nuit ne complique notre petite virée retour. Zigs-zags joyeux entre les bateaux …
PROCIDA, île du golfe de Naples
L'île ne présente pas d'intérêt touristique particulier en dehors de son village de style médiéval. La MARINA di PROCIDA est, pour nous, une escale technique : eau, gasoil, courses alimentaires, lavage des bateaux, lessive ou blanchisserie express … Nous n'y passerons qu'une nuit. Le vent s'est levé sérieusement ce matin. Les pendilles sont longues et gênantes, le départ sera certainement délicat. Nous avons donc négocié avec la capitainerie une prolongation de quelques heures. A 15 heures le vent faiblit : vent au 60 à 16 nœuds ; le signal du départ pour la baie de NAPLES est donné.
Dimanche 18 juin, la baie de NAPLES est en vue
Le vent ne mollira pas et les "voileux" s'en donneront à cœur-joie. Il existe souvent une sorte de compétition entre les voiliers qui, au moindre souffle, se mettent sur leurs starting-blocks et s'observent. C'est tout-à-fait normal, un voilier c'est fait pour exploiter le vent et la mer : on tire sur un voilier comme on tire sur une monture. Le jeu consistant à avancer le plus vite possible, disons plus vite que les autres (!), il est parfois nécessaire d'aller chercher le vent assez loin jusqu’à sortir du champ de vision des autres bateaux. Cela vaut pour des traversées suffisamment longues.
La plupart du temps, les bateaux à moteur, plus rapides, retardaient leur départ, de façon à arriver avant les voiliers pour leur indiquer leur place et les aider à s'amarrer. C'est ainsi, que nous avions le plaisir, à chaque traversée, d'observer et d'admirer ZEN et CRISMAR sur l'eau tandis qu'ils nous dépassaient : ZEN élégant Swift Trawler BENETEAU de 12,5 mètres, piloté par Jean-François, l'un de nos 3 organisateurs, et CRISMAR une vedette Leader 10 JEANNEAU de 10 mètres, plus ardente, drivé par Christian dans une recherche constante d'équilibre entre vitesse, déjaugeage et confort.
Après quatre heures de navigation, la baie de NAPLES est en vue. L'entrée dans la MARINA DI STABIA est large et facile ; nous sommes amarrés à des catways, sorte de pontons flottants pour deux bateaux. La marina est silencieuse et tranquille. L'endroit est chic avec ses pelouses et ses palmiers, sa salle de sport et son poste de contrôle à l'entrée où il faut montrer patte blanche à des vigiles très exigeants. Par contre, la marina est enclavée dans une zone industrielle très laide avec des bâtiments délabrés et il n'y a aucun commerce à proximité. Nous ne sommes pas loin de Pompéi.
NAPLES, POMPEI et HERCULANUM
NAPLES, c'est 2500 ans d'histoire. Nous avons visité, en bus, avec un guide, cette ville qui est très étendue et dominée par le VESUVE. 62 ans après J.-C., ce volcan a enseveli, une première fois, tout ce qui se trouvait à ses pieds. Après avoir gravi ses mille mètres de hauteur, nous avons visité le petit village d'HERCULANUM qui se trouvait près de la plage ; il a été enfoui sous 16 mètres environ de rejets volcaniques. Nous avons longuement marché dans la ville fantôme de POMPEI ; 4 hectares et demi de fouilles dévoilent un quadrillage de rues perpendiculaires, grossièrement pavées, étroites, avec de hauts trottoirs, bordées de commerces, de maisons, d'ateliers ... Notre guide nous a "transportés" à l’intérieur de ces maisons parmi l’ameublement et les objets de tous les jours qui y sont conservés et nous a fait vivre les coutumes, les rituels et les divertissements d’il y a 2000 ans … Deux heures d'évasion passionnantes.
L'île de CAPRI, SAINT-TROPEZ italien
Il ne nous faudra guère plus de trois heures pour atteindre CAPRI. Certains feront tranquillement le tour de l'île avant de se présenter au port, tandis que d'autres choisiront de s'arrêter déjeuner derrière la colline dans un des très beaux mouillages ou devant les grottes.
Cette île, autrefois imprenable, est unique. Le rocher semble tranquille et imperturbable avec ses maisons construites à flanc de coteau et ses mouillages paisibles. Mais, du côté du port, dans un rayon d'un mille, ça bouillonne d'embarcations de toutes sortes et de toutes dimensions. On frôle, on klaxonne, on provoque, on insulte … préambule à la jungle qui règne dans le port.
Le port n'est, en effet, qu'un chaos organisé où se bousculent bateaux de pêche, voiliers, yachts et, surtout, ferries et hydroglisseurs, ces monstres provocateurs et menaçants qui vomissent leurs touristes à longueur de journée et repartent excités dans un rugissement de moteur en crachant leurs fumées noires et épaisses, laissant derrière eux des remous incessants qui entraînent les pontons dans un balancement insupportable qui ne faiblit qu'à la nuit.
On pourrait presque regretter de s'être arrêté dans ce port turbulent, qui ne répond même pas à la radio, qui dispose d'une main d'œuvre à peine suffisante et qui nous fait payer très cher une place inconfortable, avec des douches sans eau et un pseudo service de voiturette, sourire non compris. Eh bien, non ! Car le vrai spectacle, c'est là-haut qu'il faut le voir, à 400 m au dessus du port. Un funiculaire vous monte en quelques minutes au village ancien aux chemins escarpés et aux rues étroites et pavées, abritées parfois par des arches miniatures, avec des carrefours coupe-gorges où l'on s'attend à croiser Barbe Noire. Le soir, les rues grouillent de monde sous les lumières. On y croise des touristes de tous horizons, mais aussi une clientèle de luxe et, parfois, des starlettes en quête d'impresario reconnaissables à leurs styles vestimentaires ou "mini-vestimentaires". La jet-set des années 50-60 a façonné l'île à son image et nombreux sont les magasins de luxe et les restaurant chic … et choc pour le porte-monnaie ! Le service du funiculaire s'interrompant à 22 heures, c'est à pied que nous descendrons la colline sur une longue route enlacée et pentue … aie les talons hauts !
Neuf heures du matin. Le port se réveille, les monstres reprennent du service et les pêcheurs et les plaisanciers commencent à appareiller. La croisière du YACHT CLUB INTERNATIONAL de SAINT RAPHAEL s'éloigne prudemment de ce monde trépidant, laissant à quai le voilier qui était amarré près de nous, un X44 et son équipage qui ont fini 5ème de la ROLLEX CUP. CAPRI est une curiosité à ne pas manquer.
AMALFI, notre dernière escale
Nous nous éloignons de CAPRI sous un vent timide et sous le soleil. Nous garderons la côte en vue durant quatre heures, jusqu'à AMALFI où nous passerons les trois dernières nuits de la croisière.
Les quais du port, à dire vrai, sont gris et laids ; mais de l'autre côté, la rue bordée de commerces et de restaurants est agréable à regarder, tout comme le village d'AMALFI. Les places de port sont privées et publiques : bouées, catways et quais. Notre président nous a mis en garde contre les petits bateaux à moteur qui viennent au devant de vous pour vous proposer un amarrage ; ils vous attirent vers les places privées situées au fond du port et il en coûte, en plus du prix de l'emplacement, le service des ormeggiatori (dockers) qui effectuent les manœuvres d'accostage et d'amarrage à la place du propriétaire du bateau ou du skipper. Eux seuls sont autorisés à manœuvrer dans cette partie privée où les bateaux sont rangés comme des sardines dans une boîte de conserve.
La flotte est amarrée au quai privé où s'affaire le concessionnaire aidé de son fils, sa femme et sa fille. Chaque bateau a été accueilli avec des citrons et une bouteille de limoncello, parfois des assiettes de tomates avec de la mozzarella, et même une bouteille de vin. Le père et le fils étaient aux petits soins avec nous, guettant le moindre besoin, et nos bateaux étaient surveillés jour et nuit. Quel service !
RAVELLO est à moins de deux heures de voiture d'AMALFI. Ce village, perché sur les hauteurs de la Côte Amalfitaine, est l'un des plus beaux de Méditerranée. Wagner, qui séjourna à la Villa Rufolo que nous avons visitée, y puisa l'inspiration pour son opéra Parsifal. En souvenir du compositeur, le village de Ravello organise des concerts, l'été, dans les jardins de la villa sur l'impressionnant belvédère Principessa del Piemonte qui surplombe la mer. Le festival accueille des orchestres et concertistes du monde entier. Placido Domingo s'y est déjà produit. Au retour, nous avons poussé une visite à POSITANO situé à l'ouest d'AMALFI. Cette station balnéaire ressemble à un tableau impressionniste avec une harmonieuse juxtaposition de touches roses, jaunes et blanches ; la légende dit que c'est Neptune, le dieu de la mer, qui aurait fondé POSITANO par amour pour une nymphe.
Nous resterons trois nuits à AMALFI. Demain soir, nous ferons un dernier BBQ, nos organisateurs et quelques croisiéristes ont fait le plein de victuailles. Nous fêterons, en même temps, l'anniversaire de Marie pour qui nous avons acheté, à ROME, un cadeau. Marie-Claude, qui fait de la confiture même en croisière, a préparé un énorme tiramisu … pour plus de 24 personnes ; chic, il y aura du rab !
La soirée BBQ a été un succès, comme d'habitude. Nous n'avions pas commandé un feu d'artifice mais il était là derrière le môle, comme s'il marquait la fin de notre aventure. Le lendemain soir, nous nous retrouvions tous dans un restaurant du port pour marquer célébrer notre croisière, riche de découvertes, d'expériences diverses et, plus que tout, d'amitiés partagées.
Le retour étant libre, la flotte s'éparpillera le lendemain matin, 25 juin, en trois ou quatre flottilles. Certains prolongeront la croisière de quelques jours à quelques semaines. ICEO 2, un DUFOUR 375, rentra par l'Est de la Corse, PENGIL, un OCEANIS 343, par l'Italie, trois voiliers et deux bateaux à moteur rentreront par la SARDAIGNE, la MADALENA et la CORSE, dont les LAVEZZI, RONDINARA, BONIFACCIO, AJACCIO, GARGESE et GIROLATA.
La Croisière Amalfitaine 2017 se traduisit par un périple inoubliable d'un millier de milles nautiques, dont la réussite revient à chaque participant pour sa bonne humeur, son souci de partage et sa recherche d'amitié. Merci à chacun, et à nos trois sympathiques organisateurs et animateurs : Patrick, Jean-François et Yves qui commencent déjà à imaginer la croisière de l'année prochaine.
D'ici-là, "Bon vent à tous et bonnes navigations"
Jocelyne LOUVET
